mardi 10 avril 2018

8. Découverte pédestre du Song shan



Un pont du Song shan.

Oui le Song shan - La montagne Song- existe bien. À force de seulement écrire et de voir écrit abstraitement ce nom mystérieux, je commençais à en douter, même en voyant les espaces montagneux entourant Dengfeng et Shaolin Si (Monastère de la Petite Forêt). Ce mardi 10 a été consacré à une petite ascension de ce mont, en remontant les chutes d’eau « Luya », réduites à un simple filet, témoin de la sécheresse de l’hiver. C’est l’été qu’il pleut, d’après le guide.

« C’est un bon entraînement pour la montée à la grotte de Bodhidharma, jeudi », me dit Américo. En effet, même si la montée s’est faite à une allure de sénateurs méditant, elle fait transpirer.

Heureusement, la chute était si discrète qu’elle nous a permis de nous rafraîchir sous ses gouttelettes, en nous susurrant son fort symbolisme aquatique, en bon complément à ceux de la terre, de l’air et du soleil, plus rudes à ce moment. Ce bain matriciel est particulièrement bienvenu à cet endroit.

Le Song shan est en effet vu comme la montagne sacrée de Chine, au centre de quatre autres. On le voit aussi comme un des lieux de naissance de la civilisation chinoise. Durant ses 8000 années d’histoire culturelle, il a été un lieu central de rencontre entre le taoïsme, le Confucianime et le bouddhisme.

Entre autres, il tient son nom de la dynastie des Song du 10e et 11e siècles qui a marqué, selon Anne Cheng, la renaissance confucéenne (chap.17). « Avec le développement des concours de recrutement officiels, s’imposent de nouveaux besoins d’éducation et la nécessité de créer des écoles. Près de 400 académies privées auraient été créées sous les Song » (Cheng,p.428). On rapproche cette ère nouvelle en Chine à celle de la naissance des cathédrales en Europe à la même époque.

On comprend mieux alors la prolifération actuelle des différentes écoles de kung-fu et autres à Dengfeng. Celle-ci s’enracine dans une tradition géo-historique. Le Song shan est une des premières régions chinoises classées par l’UNESCO (à titre de géo-parc).

Ça valait le coup de suer un peu.

Précision: Même si étymologiquement, paraît-il, le Song de shan n’a rien à voir avec les Song de l’histoire, rapprocher les deux pour un étranger est un bon moyen mnémotechnique de les retenir. Cela ne trahit, je pense, ni l’esprit des lieux, ni l’esprit de cette dynastie, bien au contraire.

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