Rien que de savoir où je suis ce matin au réveil est une épreuve cognitive que les conditions matérielles favorable de ce magnifique hôtel chinois permet heureusement de vivre calmement -zen, c’est le lieu pour le dire- sans y ajouter du stress supplémentaire qui aggraverait la situation.
Donc pouvoir identifier le lieu dans un endroit où tout est écrit en chinois ou presque nécessite une mobilisation minutieuse. En croisant les données anglaises minuscules de la carte de la chambre avec les indications françaises de mon itinéraire fait à Montréal, je réussis à écrire les coordonnées suivantes:
C’est la première fois que je réussis à comprendre l’emboîtement des éléments de cet ensemble géographique. Et ça date d’hier, grâce à ma guide qui m’a piloté de l’aéroport de Zhengzhou à l’hôtel. Jade parlait français. Elle m’a permis de situer enfin sur la carte cette ville de 10 millions d’habitants. Je la cherchais trop à l’Est, en raison sans doute d’une attraction inconsciente pour le Temple et le cimetière de Confucius, marqués en rouge.
Et depuis Beijing, vous savez que Confucius m’inspire plus que le bouddhisme exotérique chan des arts martiaux fondé à Shaolin par Bodhidharma vers 527. Mais c’est là que je suis venu rejoindre mon ami Américo, lui passionné de kung-fu. Et j’y suis pour 5 jours!
Deuxième apprentissage à faire: comment utiliser au mieux cette situation?
Mais pour entreprendre cette opération, une autre plus basique s’impose d’urgence: manger. Hier soir, je n’ai pas réussi tant le plat était épicé. Et pourtant, Jade m’avait écrit un petit mot sur un papier à présenter: pas d’épices!
Me pensant assez aguerri par l’initiation alimentaire de mes petites filles avant de venir, je ne l’ai bien sûr pas exhibé. Et à ma grande honte, j’ai calé dès la deuxième bouchée et suis revenu furtivement me réfugier dans ma belle chambre protectrice. Et j’hésite ce matin à en sortir pour affronter une deuxième fois cet apprentissage alimentaire.
Mais courage, cette fois-ci c’est le petit déjeuner, habituellement en libre service. Pourvu que ce soit aussi le cas dans un hôtel chinois.
***
Petit déjeuner superbement réussis. Alimenté pour la journée. Ensuite rencontre du guide dans le hall de l’hôtel.
Il se nomme William. Je lui demande de demander à la réception les conditions d’utilisation de la superbe et immense salle de méditation trônant au centre du hall: gratuite et en individuel?
Il fait une moue signifiant que son usage est sans doute payant. Après information, il me dit que non et j’entre le premier. Je vais me placer au centre face à un superbe Bouddha et m’assois sur un petit support en bois, devant un coussin, me jugeant un peu trop rouillé ce matin pour me croiser les jambes assis sur le coussinet. Cela fait entrer William pour me signifier que le support en bois n’est pas un siège, mais une table basse d’écriture. Première initiation à ce lieu publique de méditation. Nous y restons 15 minutes.
Américo et Gaston |
Je commence à comprendre l’attachement de Varela pour le bouddhisme, son « en action, son unité opérationnelle d’un couplage structurel ». Ce jeune gros projetait de façon fièrement incarnée l’Interprétation positive de la grosseur souvent caricaturée du Bouddha. Premier acquis de Shaolin, paradoxalement apporté plus par ce jeune gros que par les performances athlétiques des sveltes adeptes du mouvement.
Américo |
Dans le calendrier chrétien, le 9 fêtait de façon reportée l’annonce d’une Nouvelle Alliance.
Écrit à 4 heures du matin d’une nuit de Chine... nuit câline.
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