Lundi-mardi 14-15 mai 2018
Le Rhin s’est découvert à nous au décollage de Francfort. Son survol en avion est une grande étape émouvante du retour à la maison, avec un magnifique clin d’œil du soleil se couchant à l’ouest. Mais, nous avons encore deux nuits et un jour à passer à Paris.
Nous arrivons à onze heures du soir chez une grande amie de la famille Pineau depuis cinquante ans : Anne-Marie, femme exceptionnelle. Non contente de nous héberger, elle nous fera, lors de notre départ, un des plus grands cadeaux du voyage.
Ce lundi 14, il pleut sur Paris. C’est la faute à Michel. Il a acheté un parapluie à Francfort et veut le déployer à Paris. Ce qui fut fait à l’occasion du tour rituel de Gaston aux éditions l’Harmattan. Un peu décevant, cette fois-ci : les ouvrages n’arriveront que demain.
La fraîcheur provoque chez Michel l’achat d’une si belle casquette que Gaston lui fait exhiber au repas de midi chez d’autres grands amis : Line et Bernard Honoré qui sortent aussi les leurs pour une comparaison.
Dans l’après-midi, rendez-vous à 17h au Tourville, près de l’École militaire. Guy Le Boterf, champion des rendez-vous planétaires – le dernier étant à El Calafate à la frontière Chili-Argentine – nous a organisé un rendez-vous avec deux de ses amis aux parcours de vie très particuliers, en dynamique de publication : parcours personnel tendu entre évolution institutionnelle et autoformation pour le premier; parcours planétaire d’un groupe d’architectes de ville pour le second. Ces parcours ont alimenté et inspiré notre dernier repas.
Mais le petit déjeuner de ce mardi matin nous réserve encore une surprise. Anne-Marie accompagne depuis des mois la fin de vie de son compagnon. Juste avant de partir, elle nous révèle que pour survivre activement à cette situation, elle remobilise ses talents de conteuse auprès des autres pensionnaires de cette maison de fin de vie. Ils en sont si heureux qu’ils la sollicitent souvent entre les séances. Sur le seuil de la porte, elle nous fait cadeau d’un poème de Jean d’Ormesson :
« Train de ma vie
À la naissance on monte dans le train et on rencontre nos parents.
On croit qu’ils voyageront toujours avec nous
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage.
Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’Amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leur siège.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’au-revoir, et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de bons souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.
Je veux dire à chaque personne qui lira ce texte que je vous remercie d’être dans ma vie et de voyager dans mon train. »
C’est avec ce poème dans le cœur que nous partons rejoindre Montréal. Nous n’osons y croire. Notre tour de l’hémisphère nord s’est bien effectué. Les retrouvailles sont chaleureuses.
Gaston, Ève-Marie, Gabrielle, Françoise et Michel. |
Merci à toutes et tous ceux qui ont favorisé ce voyage et nous ont accompagnés.
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